En pensant à ce qui me définissait profondément, je n’ai jamais pensé à citer le fait que j’étais plutôt spirituelle. Pour moi, forcément infiniment cartésienne – car que reste-t-il sinon ?- la spiritualité était forcément quelque chose qui se cultivait. Elle appartenait aux meditants, religieux et autres pratiquants ! J’en étais bien éloignée.
Pourtant je me rappelle que déjà, en troisième, j’écrivais à mon ami virtuel de l’époque, qui rentrait alors en classes préparatoires, que je ne comprenais pas les gens qui supportaient
de vivre à 200 à l’heure, n’ayant même plus le temps de lever les yeux pour regarder le soleil. Pour moi qui attachait au rituel matinal du lever de soleil sur la mer depuis le car scolaire qui m’amenait jusqu’à mon établissement, il n y avait rien de plus triste que ce troupeau de gens tellement débordés qu’ils ne leur venait même plus à l’idée de lever la tête. Comment vivre ainsi ne les rendaient-ils pas fous ? Était-ce cela, la vraie folie ?
Je n’avais pas à l’époque des mots à mettre sur ce sentiment; néanmoins, cela me paraissait profondément insupportable. Étais-je déjà en voie pour lutter contre une société si absorbée par la valeur marchande qu’elle ne permettait pas à ses membres de prendre le temps pour regarder autour d’eux ?
Depuis ma dépression, regarder autour de moi, c’est toujours aussi difficile. Je n’arrive pas à repartir dans cette masse. Je sais qu’il faut que je m’accepte comme je suis. J’aime aller doucement. Dormir le matin. M’arrêter souvent. Respirer. Passer du temps à lire, cultiver les talents de mon esprit, apprendre les cartes. Et faire cela, quand on est dans une société qui prône le rendement et note les individus sur leur capacité à créer de la valeur, c’est déjà en soit un petit acte de rébellion.
Je ne suis pas cartésienne, je suis une rêveuse. J’aime le mystique et le surnaturel, d’où la création de cet espace. J’honore les fleurs, j’honore le thé, j’honore la lune, j’honore mes morts et la mer d’où je viens, dans autant de prières silencieuses.
La spiritualité n’a pas qu’une grande importance : elle est ce qui vient donner du sens à mon existence. M’ancrer les pieds à terre quand doit dominer la raison, surveiller que je m’égare pas dans des zones périlleuses lorsque je médite en me laissant porter par l’eau. Elle est le repos et l’attention. Je crois en tout, en l’importance de chaque chose dans un monde qui n’a pas attendu internet pour être intégralement interconnecté.
Et chez vous, comment se manifeste votre spiritualité ? Suivez vous des dogmes ? Expliquez moi tout ce que le cœur vous en dit!