Bonjour à tous !
Par moments, nous questionnons tous en tant que cartomanciens nos talents de lecteurs de tarot doivent régulièrement être remis en question : il s’agit d’une pratique saine. J’ai été interpelée par cette vidéo qui, quoi que longue, aborde de nombreux sujets importants. Il ne s’agit pas d’un simple “bait” pour vous attirer ! On ressent que l’autrice de la vidéo est sincère dans les points qu’elle met au jour concernant sa pratique.
Malgré ce que pourraient penser ses détracteurs, Kelly Bear n’est pas une simple influenceuse : elle lit le tarot depuis 1996 ! Je n’étais pas née à l’époque. Cependant, sa vidéo fait une heure et est en anglais, sans sous-titres. Ainsi je voulais vous la résumer mais aussi aborder quelques éléments de réponse et de traduction d’une vidéo salvatrice.
L’inconsistance en cartomancie : une tare ?
Le premier sujet abordé par Kelly Bear est son manque de dopamine; elle peut titrer de manière disparatre un oracle, une affirmation, une a trois cartes de tarot. Mais cela n’enlève rien à ses vingt ans d’expérience. Il faut que l’on arrête de se voiler la face dans la communauté carto : si la plupart de nos lectures journalières utilisent des oracles, c’est qu’une interprétation détaillée par jour d’un tirage demanderait que nous soyons des influenceurs à temps plein. Or, je suis cartomancienne, bien que la présence sur les réseaux soit un aspect très appréciable de ma pratique.
Cette variété des modes de lecture et le fait de ne pas effectuer de tirages complexes de lenormand ou tarot tout les jours n’est pas un objet qui fasse des émules sur les réseaux cartomancie. Cela est important les premiers mois ou la première année pour se familiariser avec le tarot, que ce soit le Rider Waite ou le tarot de Marseille.
Au contraire, lire les cartes tous les jours peut donner une relation toxique lorsque le moral est bas, ou un surplus d’informations qui n’amènera aucune guidance. Je parle de ce que l’on fait pour soi ; cela est différent lorsque l’on a des clients, même si notre niveau d’énergie est limité et nous demande de la gérer comme n’importe quel outil. Ainsi, Kelly Bear a raison lorsqu’elle évoque sa propre inconsistance malgré des années de pratique en soulevant que cela n’enlève rien à son expérience. Ce sont des critères sur lesquels j’ai moi aussi tendance à me juger et il faut se rappeler que ce sont la précision de nos lectures à nos consultants ou nous même qui fait que nous soyons un-e bon-ne lecteurice de tarot, c’est tout.
Que nous soyons neuroatypiques (spectre autistique et tdah, entre autres) ou neurotypiques, les passions viennent avec des vagues où il est impossible de penser à autre chose et des moments de distance. Même si vous pratiquez la cartomancie de manière professionnelle, c’est tout à fait normal et d’expérience très sain. Merci à quelqu’un de l’influence de Kelly Bear de le rappeler ! Figurez-vous que j’ai passé toute une année (dont six mois aux Pays-Bas) sans toucher au tarot ou au lenormand ? Je ne lisais pas encore les oracles à l’époque.
Ma pause de la lecture des cartes : tarot et lenormand
Je me souviens très bien de mes prédictions de lenormand de l’époque : pour celui que je voulais comme petit ami, j’ai eu la carte du chien et de l’ours. Ces deux aspects se sont avérés vrais, et je pense que cette personne est l’ami qui m’a été le plus fidèle et m’a le plus défendu de ma vie, même quand il n’aurait pas eu à le faire. Pour la sociabilité, j’ai eu le serpent, que j’ai voulu enterré mais s’est révélé. Outre ces dernières prédictions, ce break m’a permis de progresser de manière incroyable.
En effet, les premières lectures ont été hasardeuses : je me rappelais étrangement bien, mais pas de manière précise. Quelle honte de sortir le (très bon) Labyrinthos pour pouvoir avoir les mots clés qui me manquaient. Cependant, si les circonstances extérieures comme une santé mentale qui battait de l’aile ou un réapprentissage auraient pu me pousser à l’arrêt, il s’est passé tout le contraire. J’ai lu, lu, lu. Ma mère n’en pouvait plus des livres sur le tarot et le lenormand qui arrivaient. Tu as vraiment besoin de tout ça ? Oui ! Eh oui je mets le lien vers son site à chaque fois car c’est moi qui le construit ! ?
Toutes ses lectures et une pratique régulière m’ont permis de prendre confiance en moi, et d’approfondir mon savoir. Finalement, je suis ressortie de presque un an sans lecture en maîtrisant mieux le tarot que lorsque je le lisais tous les jours pendant trois ans (2016-2019). En raison des apports, je compte souvent mes années sans le break, ce qui peut conduire à des inconsistances dont je m’excuse.
Lire pour autre que soi
Finalement, tout cela m’a conduit à proposer des lectures d’entrainement gratuites à mes followers Twitter (désolé, je peux vraiment pas dire X… Les conseillers de communication doivent avoir pris la plus longue pause café de leur carrière). J’en ai aussi proposé à ma maman. Les retours ont été très bons, alors j’ai commencé à faire payer des prestations personnalisées de tarot, ou mêlant tarot et lenormand, qui ont eu de très bons retours. Je ne pensais pas pouvoir aider les gens de cette manière. C’est un objectif qui me tient vraiment à coeur et je n’avais jamais envisagé avoir en moi les ressources pour le réaliser via la cartomancie.
Les challenges instagram de cartomancie : parlons-en
Le second point abordé par Kelly Bear est encore un gros poisson ! Je vous prie de vous pardonner la longueur que prend cet article, mais il y a tant à dire. Elle nous confesse ne jamais les réussir : et j’ai envie de dire, tant mieux ! Je n’ai jamais compris l’intérêt de ces challenges de cartomancie, à part pour gagner de l’audience et des interactions.
Les challenges dont elle parle sont aussi très demandant, avec des tirages d’une à deux cartes de tarot expliqués pendant un mois, et tous les jours. Je ne vous critique pas si c’est quelque-chose que vous aimez faire : mais déjà, sur le blog, j’ai du mal. Je pense que c’est beaucoup de temps passé pour de la visibilité plutôt que d’approfondir sa pratique autrement. Les autres challenges dont elle parle, qui n’en demandent que quelques uns par semaine, me semblent bien plus humains et porteurs en visibilité et qualité.
Le risque de ces challenges, c’est déjà par leur rythme intenable de vous faire laisser votre jeu de côté, mais aussi de donner une platitude et une généralité à vos lectures. Il est important que vous découvriez les détails des arcanes ainsi que votre style; utilisez donc ceci avec parcimonie, avec le risque de découvrir une communauté de tarot francophone assez froide.
La popularité des grimoires et workbooks
Kelly Bear signale aussi qu’elle ne travaille pas à l’écrit avec ses cartes, pratique très populaire sur Youtube. C’est mon cas à moi aussi, au point que j’en étais venue à poser la question sur Reddit (pour ma défense, maon chère ami-e Aezumellia tient un carnet impeccable), où de nombreuses personnes m’ont répondu en coeur : j’espère que ce n’est pas nécessaire !
Je pense qu’il y a ici eu une porositée avec les communautés telles que le studytwt, studygram, studublr, booktok, booktwt… où la composante “je surligne, je prends des notes, je travaille” est très importante dans l’identité de la communauté : il y a volonté inconsciente de montrer sa légitimité et une volonté consciente d’esthétisation de la pratique, d’obtenir quelque-chose de “concret”. Évidemment cela est possible avec le tarot, mais ne pas le faire n’est pas une tare.
Cependant, je pense, comme Kelly Bear, qu’il est important de pouvoir revenir sur certaines lectures (et pas juste celles qui nous ont marqué) pour relever les cycles, les changements, l’évolution générale. Mais cela peu prendre de nombreuses formes. Quand Azu a vu le carnet que je sortais pour noter ce qu’elle me disait, elle m’a demandé quelque-chose comme : “sérieusement ? c’est ça ton grimoire ?”. En sa défense : les pages commencent à tomber. Mais c’est mon carnet de poésie et dissocier les deux n’a pour moi aucun sens.
Pour finir
Sans avoir pu tout traiter, j’espère avoir abordé les sujets principaux dédramatisés par Kelly Bear car ils sont pour moi capitaux. La réponse à sa question est évidemment non, et le titre fait pour vous interpeller : personne ne doute de ses compétences de taromancienne. Pourtant, ses pratiques sont en décalées avec celles qui sont valorisées par la tarosphère. Il faut dire qu’elle n’est pas étrangère des réseaux sociaux et de ses tords; tel un boomer, je vous invite à ne pas hésiter à questionner vos habitudes pour progresser. Et vos pratiques visibles sur le net ne définissent pas votre valeur ! ? Est-ce que quelque-chose vous a touché ? Je suis particulièrement curieuse.
PS : moi aussi je déteste les gens qui “ruffle-shuffle”. Brrr
La Dame au Thé