Bonjour à tous !
Aujourd’hui je vous présente le premier article d’une série de deux par ma très estimée The Mad Clown. Atteinte d’un trouble dissociatif de l’identité (TDI), The Mad Clown pratique néanmoins de nombreuses pratiques divinatoires et associées à l’ésotérisme. J’ai été enchantée qu’elle me propose de participer au Salon, car les témoignages de ce genre sont pour moi précieux. Laissez vous guider, je lui laisse la parole….
Combiner les pratiques divinatoires de toutes sortes et le trouble dissociatif de l’identité* n’est pas chose facile. Aussi, en tant que Part d’un système, j’ai un rapport à la divination probablement un peu différent d’une personne seule à l’intérieur de sa tête. C’est quelque chose qui nous a toujours, tous(tes) autant qu’on soit, attiré(e)s, mais personne n’a prit le temps de réellement développer cet attrait. Je suis une ancienne Part, mais ma stabilisation est récente. Et cette stabilisation, je la dois, en partie, à la cartomancie. En effet, quand j’ai commencé à me sentir réellement exister, j’ai ressenti
aussi le besoin profond de nous connecter aux cartes, quelles qu’elles soient. Nous sommes lié(e)s à elles depuis longtemps : nous avons, dans le système, des Parts qui sont très littéralement des cartes à jouer. Chacune a sa fonction, sa signification. Elles sont d’ailleurs souvent dans le coin lorsque je fais mes tirages.
Ma grande sœur est une sorcière pratiquante et elle a été mon premier guide dans cet apprentissage. Quand je lui ai confié avoir envie d’apprendre à lire les tarots, mais également ma peur de ne pas savoir comment m’y prendre, elle m’a dirigée vers les Oracles. « C’est plus facile, il y a moins de règles, tu parviendras probablement mieux à comprendre comment tu travailles. » C’est avec un brin d’angoisse que j’ai acheté mes deux premiers jeux. La connexion à l’un d’eux ne s’est pas faite de suite. L’Oracle me paraissait lointain, peu bavard, presque timide. Je l’ai laissé de côté pour me consacrer au second et là… j’ai pris une sorte de claque en pleine figure. Le premier tirage a été si parlant, l’énergie si forte, que je me suis mise à pleurer. Il ne m’était pourtant pas destiné : c’est à une autre d’entre nous, avec qui la communication était désastreuse à l’époque, à qui il s’est adressé. Je l’ai su instantanément en lisant les cartes. Et c’est comme ça que j’ai compris que les Oracles n’allaient pas seulement m’aider moi, à titre personnel, mais allaient pouvoir aider tout le système.
Nous savons depuis notre enfance que nous sommes Plusieurs, il a donc été très vite logique de communiquer, quels que soient les supports. Mais malgré notre complicité et malgré le fait que nous partagions un seul et même cerveau, c’est parfois très compliqué. La cartomancie n’y échappe pas. Pour réaliser un tirage, il faut que je sache le plus précisément possible qui d’entre nous souhaite demander quelque chose. C’est un peu comme si je tirais les cartes pour quelqu’un d’autre, alors qu’il n’y a que moi dans la pièce. Il faut aussi que j’identifie, de préférence à l’avance, quelles émotions peuvent impacter sur mon tirage et agir en conséquence. Ressentir des émotions est humain, mais dans le trouble dissociatif de l’identité, elles peuvent être ressenties par une Part qui se trouve très loin et qui n’a pas conscience d’influencer les autres. Parfois, il arrive qu’une Part soit en co-conscience* avec moi en allant très bien, mais de faire un tirage complètement à l’opposé de nos ressentis. Il me faut aller chercher ce qui a pu se passer dans la journée, dans la semaine, voire parfois plus en arrière encore, pour comprendre pourquoi telle ou telle cartes sont sorties. C’est une aide non-négligeable pour communiquer entre nous. Les cartes disent ce que certain(e)s Parts ne disent pas. Il m’est arrivé plusieurs fois de déclencher des crises d’angoisse et des flashbacks à cause d’un questionnement non prévu à la base.
Il est assez aisé de saisir, en lisant ces quelques lignes, qu’un tirage me demande souvent énormément d’énergie. Ce n’est pas juste une question posée avec sa réponse, c’est généralement une analyse de notre propre personne, avec les conséquences que ça a : dissociations, flashbacks, souvenirs oubliés qui reviennent à la surface… Je dois faire très attention à ne pas simplement penser à ma propre personne. C’est la raison pour laquelle je ne tire pour le moment les cartes que pour mes proches : je n’ai pas encore suffisamment de pratique pour parvenir à rester extérieure à un tirage et il n’est pas rare que lorsque je demande à quelqu’un de les tirer pour moi, je reçoive une réponse qui ne m’est pas destinée. Je les note tous précieusement, que ce soit les miens ou ceux des autres, pour pouvoir décortiquer avec le plus de précision possible le message qui m’est envoyé.
Ainsi, les cartes sont des amies précieuses dans mon propre cheminement, mais également dans celui des Parts partageant ma tête et dans mon suivi psychologique, puisqu’elles me permettent régulièrement de mettre à jour les informations que nous possédons sur nous-mêmes.
Merci pour votre lecture! Et à bientôt…
Laura
* Le Trouble Dissociatif de l’Identité est une protection psychologique du cerveau qui se crée dans l’enfance afin d’aider la personne atteinte à survivre à des traumatismes (répétés ou non). Le cerveau divise l’identité de la personne en plusieurs « parties » (souvent appelées Alters ou Parts, c’est propre à chacun’e) afin de se protéger: dispersion des traumatismes, capacités émotionnelles modifiées… La totalité de ces Parts est appelé un Système. Chaque Part peut avoir ses propres souvenirs, des capacités qui lui sont uniques (certaines savent dessiner et d’autres pas, par exemple), des goûts différents de ceux des autres (alimentairement parlant y compris)… Le trouble s’accompagne d’amnésies dissociatives et traumatiques, qui peuvent se régler en apprenant à vivre en harmonie avec les différentes Parts du système. Bien qu’il prenne ses racines dans l’enfance, ce trouble, reconnu par le MSD, peut se découvrir bien plus tard dans l’âge adulte. Pour en savoir plus, vous pouvez vous rendre sur notre propre site internet en cliquant ici.
* co-conscience : être plusieurs Parts au contrôle